Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/143

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d’une pinte de maïs par jour. Il ne nous restait pour provision que ce maïs ; encore étions-nous infestés par une quantité de rats que nous ne pouvions pas empêcher d’en manger une partie ; et avec le maïs nous avions encore du poisson salé pour trois repas. Cependant l’espérance que le capitaine donna de croiser à la hauteur de Manille et d’y faire de riches captures fit fermer les yeux sur le danger de parcourir une distance de deux mille quatre cents lieues avec si peu de provisions. Le vent nous favorisa. Nous portâmes toutes nos voiles, et nous fîmes chaque jour beaucoup de chemin. Après vingt jours de route, nos gens, voyant que nous avancions avec rapidité, et que, selon toutes les apparences, le bon vent et le beau temps continueraient, demandèrent que leur ration journalière fût augmentée. Malgré sa répugnance, Swan fut obligé d’y consentir. Nous étions réduits à dix cuillerées de maïs bouilli chacun, et une seule fois le jour, au lieu qu’auparavant on nous en distribuait huit fois. Je suis persuadé que cette diète forcée me fit grand bien, quoique mes compagnons s’en trouvassent affaiblis, car je sentais revenir mes forces ; et une hydropisie dont j’avais été attaqué à la suite d’une fièvre se dissipa. Cependant je buvais trois fois, de vingt-quatre en vingt-quatre heures ; mais plusieurs de nos gens ne buvaient qu’une fois en neuf ou dix jours, et quelques-uns en douze jours. Il y en eut même un qui fut dix-sept jours sans boire ; et il dit, quand