Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/160

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dans le voisinage de la mer ; uni, mêlé de savanes et de forêts. La surface de la grande savane où nous étions offrait quantité de rochers de six pieds de haut, dont le sommet était arrondi ; ils ressemblaient à des meules de foin. Les forêts ne renfermaient que de petits arbres ; les plus gros n’avaient pas trois pieds de tour. À quatorze pieds de haut s’élevaient de petites branches qui formaient leur tête.

» Après avoir rangé cette côte pendant près de cinq semaines, sur une étendue de trois cents lieues, sans trouver de l’eau douce ni un endroit commode pour y espalmer mon vaisseau, dans les trois endroits où je m’étais arrêté ; voyant d’ailleurs que nous étions au plus fort de la saison sèche, et que le scorbut attaquait mon équipage, je résolus d’abandonner ce parage. Je fis donc voile pour Timor le 5 de septembre. Le 14 j’aperçus, au coucher du soleil, la cime des hautes montagnes de cette île, et le 23 je mouillai près du fort des Hollandais. Faute d’eau douce, mon équipage était réduit à un triste état, et peu s’en fallut qu’il n’y pérît par la mauvaise volonté et l’humeur jalouse des Hollandais, qui pendant quelques jours refusèrent de m’en laisser puiser à terre, quelque argent que je leur offrisse. Je leur envoyai les barriques vides, et ils les firent remplir. À mon arrivée, je les vis saisis de crainte que je ne fusse venu épier leur commerce, et acquérir sur ces régions éloignées des connaissances qu’ils