Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/215

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» À peu de distance de la même mine, on en avait ouvert une autre depuis huit ans, qui se nomme Saint-Mathieu, et qui rendait un profit considérable, parce que, les veines du métal allant de l’est à l’ouest, y sont plus faciles à suivre. Je pris la résolution d’y descendre. Elle n’avait qu’environ quatre cents pieds de profondeur. En arrivant au cinquième arbre, j’avoue que la peur me prit jusqu’à me rendre fort impatient de remonter ; mais un mineur qui me servit de guide avec un flambeau ranima mon courage, et m’assura qu’il me restait peu d’arbres à descendre. Je le suivis à toutes sortes de risques, souvent embarrassé pour mettre le pied sur la cheville ou dans l’entaille, et quelquefois pour embrasser l’arbre. J’eus à descendre trois fois plus que le mineur ne m’avait annoncé. Enfin j’arrivai dans le lieu où les ouvriers faisaient sauter avec leurs instrumens de fer des pierres métalliques d’une extrême dureté. Quelques-unes étaient moins dures, et d’autres étaient diversement colorées. J’en pris quelques morceaux ; mais, ouvrant plus que jamais les yeux sur le danger auquel je m’étais exposé, et commençant à me ressentir des vapeurs pestilentielles que la terre exhalait dans ce gouffre obscur, je remontai avec autant de difficulté que de crainte, après y avoir passé deux heures, et j’arrivai fort fatigué à la lumière du jour. Tout ce que j’avais vu d’affreux se retraçant à mon imagination, je reconnus que de toute ma vie je n’avais pas fait d’action