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rent par leurs signaux des renforts à la flotte, et quand ils se virent en force, ils marchèrent vers le village, en bon ordre et avec précaution, pour ne pas tomber dans une embuscade, car tous les Indiens avaient disparu. Ne rencontrant personne, ils retournèrent au rivage, et élevèrent en l’air un linge blanc en signe de paix. Les Indiens, qui semblaient n’attendre que cette invitation pour se rapprocher du fort, y arrivèrent d’un air de gaieté. Leur chef, armé d’un arc et d’un carquois, présenta une branche de palmier à Torrès, et l’embrassa affectueusement. Ses compagnons imitèrent son exemple. Les Espagnols étaient ravis de trouver ces dispositions amicales chez les habitans d’un pays où l’on trouvait du bois, de l’eau et des provisions dont ils avaient un besoin si pressant.

Deux vieillards survenus dans ces entrefaites laissèrent leurs armes dans leurs pirogues, et, se tenant par la main, vinrent saluer les Espagnols d’un air de satisfaction. On comprit par leurs gestes que l’un des deux était le père de leur chef, nommé Taliquem. Les insulaires regardaient avec curiosité les armes et les habits des Espagnols, qui à leur tour admiraient le belle taille, la force et l’agilité de ces Indiens. Tous demeuraient paisibles ; bientôt le chef les dispersa, ne conservant auprès de lui que deux insulaires et son fils pour la garde du fort.

Les Espagnols, se voyant en sûreté, songèrent à se reposer après tant de fatigues. On