Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/288

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semblait inévitable, on aperçut entre les terres une petite ouverture qui fit renaître les espérances. On coupa aussitôt les câbles des deux ancres, et l’on mit le cap vers cette ouverture, qu’on reconnut pour l’entrée d’un canal étroit, entre une île et le continent. Elle conduisit les Anglais dans un port également sûr et tranquille, où l’excellence de l’eau et les rafraîchissemens qui s’y trouvèrent en abondance leur firent donner le nom de miracle à cette heureuse découverte.

L’île d’Inchin, qui est de cette baie, est apparemment une des îles de l’archipel des Chonos ou Chiloé, au sud du Chili. Elles sont habitées par un peuple barbare, fameux par sa haine pour les Espagnols. Il n’est pas impossible que ce que les Anglais prirent pour le continent ne fût une autre île, et que la terre ferme ne fût beaucoup plus reculée à l’est ; mais, quelque opinion qu’on en doive prendre, le port a deux endroits propres à caréner les vaisseaux. On y voit tomber aussi plusieurs ruisseaux d’une eau très-pure, dont quelques-uns sont très-favorablement disposées pour l’aiguade. Les Anglais trouvèrent des poissons dans le ruisseau, et surtout quelques mulets d’excédent goût, qui leur firent juger que dans une meilleure saison il était plus poissonneux. Ils rencontrèrent aussi du céleri sauvage, des orties, des coquillages, surtout des moules d’une grandeur extraordinaire et de très-bon goût ; quantité d’oies, des mouettes et des