Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/294

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Anglais jugèrent que, malgré quelques inconvéniens qui peuvent empêcher de choisir cette île pour un lieu de relâche, elle serait néanmoins très-utile dans les cas de nécessité, surtout pour un vaisseau seul, qui craindrait de rencontrer à Juan Fernandès un ennemi supérieur.

Le mauvais état de la pinque l’Anne, dont les charpentiers jugèrent le radoub impossible, porta le chef d’escadre à consentir qu’elle fût dépiécée après qu’on en eut tiré les vivres et tout ce qui pouvait servir aux trois autres bâtimens. Le capitaine et le reste de l’équipage passèrent à bord du Glocester, où le besoin d’hommes était pressant. Quoique tous les malades fussent assez bien rétablis, Anson ne pouvait être sans alarme en considérant le peu de forces qui lui restaient. Depuis son départ d’Angleterre il avait perdu sur le Centurion deux cent quatre-vingt-douze hommes, de quatre cent six avec lesquels il s’était embarqué. L’équipage du Glocester, qui était moins fort, avait perdu le même nombre, et se voyait réduit à quatre-vingt-deux hommes. La mortalité devait naturellement avoir été plus grande encore sur le Tryal, dont l’équipage avait presque toujours été dans l’eau sur le pont ; cependant il n’y était mort que quarante deux hommes, et son bonheur en avait sauvé trente-neuf. Les soldats de marine et les invalides avaient été plus maltraités que les matelots. De cinquante invalides que le Centurion avait à bord, il n’en