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avec de la chaux, et d’enduire la barque de ce mélange. »

Il restait l’embarras de se procurer les vivres nécessaires pour un long voyage. On n’avait à terre ni biscuit ni aucune sorte de grain. Le fruit à pain en avait tenu lieu depuis qu’on était dans l’île de Tinian ; mais il ne pouvait se conserver en mer. Quoiqu’on eût assez de bétail en vie, on n’avait pas de sel pour le saler, et dans un climat si chaud, le sel n’aurait pas pris. On résolut enfin de prendre à bord autant de cocos qu’il serait possible, et de suppléer au pain par du riz. L’île fournissait des cocos. Pour se procurer du riz, on résolut d’attendre que la barque fut achevée, et de tenter une expédition contre l’île de Rota, où l’on savait que les Espagnols ont de grandes plantations confiées au soin des Indiens. Mais cette entreprise ne pouvant être exécutée que par la force, on examina ce qu’il y avait de poudre à terre. Il ne s’en trouva malheureusement que pour quatre-vingt-dix coups de fusil ; faible ressource pour des gens qui devaient être privés pendant plus d’un mois de pain et de tout ce qui pouvait en tenir lieu, s’ils ne s’en procuraient par les armes.

Mais on a mis au dernier rang le plus cruel de tous les embarras, celui qui, sans un concours d’accidens fort singuliers, aurait rendu le départ de la barque absolument impossible. Après avoir réglé tout ce qui regardait sa fabrique et son équipement, il était aisé de cal-