Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/349

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culer à peu près dans quel temps l’ouvrage serait achevé. « Ensuite on devait naturellement considérer le cours qu’il fallait suivre, et la terre où l’on devait aborder. Ces idées menèrent les officiers à la fâcheuse réflexion qu’ils n’avaient dans l’île ni boussole ni quart de cercle. Il s’était déjà passé huit jours sans aucune ressource pour cet inconvénient, lorsqu’en fouillant dans une caisse qui appartenait à la barque espagnole, on y trouva une petite boussole qui ne valait guère mieux que celles qui servent de jouet aux écoliers, mais qui n’en fut pas moins regardée comme un trésor inestimable. Peu de jours après on eut le bonheur de trouver sur le rivage un quart de cercle qui avait appartenu à quelque mort de l’équipage. On s’aperçut, à la vérité, que les pinnules y manquaient, ce qui le rendait inutile ; mais un matelot, ayant tiré par hasard la layette dune vieille table que les flots avaient poussée à terre, y trouva quelques pinnules qui convenaient fort bien au quart de cercle, et qui servirent sur-le-champ à déterminer avec assez de précision la latitude de Tinian. Le travail, animé par toutes ces faveurs de la fortune, avança si heureusement, que le 9 octobre on se crut assez maître de l’exécution pour en régler la durée, et le départ fut fixé au 5 novembre. »

Mais l’embarras des Anglais devait finir plus tôt, et par une conclusion plus heureuse. Deux jours après, un matelot qui se trouvait sur une