Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/386

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et qui n’a guère pour ennemis que ceux qui ont quelque chose à craindre des progrès de la raison et des lumières.

Cependant, il a fallu quelquefois employer des moyens violens, comme on le verra en lisant les relations suivantes. Les réflexions que fait à ce sujet le docteur Jean Hawkesworth, rédacteur des premiers voyages des navigateurs anglais, sont pleines de sens ; son langage est celui de la raison même.

« Je ne puis, dit-il à la fin de son discours préliminaire, terminer ce discours sans exprimer la peine que j’ai ressentie en racontant le malheur de ces pauvres sauvages, qui, dans le cours des expéditions de nos navigateurs, ont péri par nos armes à feu lorsqu’ils voulaient repousser par la force l’invasion des étrangers dans leur pays. Je ne doute pas que mes lecteurs ne partagent avec moi le même sentiment ; c’est cependant un mal qu’il me paraît impossible d’éviter. Toutes les fois qu’on cherchera à découvrir de nouveaux pays, il faut s’attendre à trouver toujours de la résistance ; et dans ce cas, il faut ou vaincre ceux qui résistent, ou abandonner l’entreprise. On dira peut-être qu’il n’était pas toujours nécessaire d’ôter la vie à ces Indiens pour les convaincre que leur résistance serait impuissante : je conviens que cela a pu être quelquefois ; mais il faut considérer que, lorsque l’on entreprend de semblables expéditions, il faut bien les confier à des hommes qui ne sont point exempts des