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beaucoup de penchant au larcin. Malgré l’effroi dont ils avaient paru saisis, un d’entre eux, plongeant dans la mer à la vue des Hollandais, déroba sous l’eau un plomb de sonde. À bord du vaisseau, ils prenaient tout ce qui tombait sous leurs mains, et se sauvaient à la nage avec leur proie. Les uns volèrent des oreillers et des couvertures, d’autres des couteaux ; et leur passion la plus vive étant pour le fer, ils faisaient de grands efforts pour arracher les clous et les chevilles du bâtiment. On se crut obligé le soir de hâler la chaloupe, par précaution pour la nuit. Ils étaient hauts, robustes, et bien proportionnés dans leur taille. Quoique leur nudité fût égale, ils n’avaient pas la même ressemblance dans la manière dont ils portaient leurs cheveux : les uns les avaient courts, d’autres frisés avec art, d’autres tressés et liés diversement. La situation de leur île est à 16° 10′ sud.

Le lendemain, paraissant avoir tiré quelque fruit de l’expérience, ils apportèrent avec plus de modération des cocos, des bananes, des racines d’ubas, quelques petits porcs, et de grandes jarres d’eau douce. Leur ardeur ne s’exerça qu’entre eux : chacun, voulant être le premier à bord, sautait de son canot, et plongeait au travers des autres ou dessous, pour rendre ce qu’il portait entre les dents ou dans ses mains. Aussitôt qu’ils avaient fait leur marché, la plupart retournaient à leurs canots. Quelques-uns ne se lassaient point d’ad-