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Quelques-uns déployèrent de petits pavillons blancs, et les Hollandais en arborèrent aussi. Les canots portaient chacun trois ou quatre hommes. Ils étaient arrondis à l’avant, aigus à l’arrière, et composés d’une seule pièce de fort beau bois rouge. En approchant du navire, les insulaires sautaient dans l’eau, et venaient à bord à la nage, les mains pleines de cocos et de racines d’ubas, qu’ils troquaient pour des clous et de la verroterie, deux marchandises dont ils paraissent faire beaucoup de cas. Ils donnaient quatre ou cinq cocos pour un clou, ou pour quelques grains de verre. Mais ils tinrent à bord en si grand nombre, que l’espace manquait pour s’y tourner. Schouten, regrettant de n’avoir aucun abri à la pointe de l’île, envoya sonder autour de la côte pour en trouver un plus sûr. La chaloupe ne fut pas plus tôt éloignée du navire, qu’elle se vit environnée d’une multitude d’autres canots. Les sauvages avaient l’air furieux, et portaient de gros bâtons d’un bois très-dur, dont la pointe était tranchante. Ils abordèrent la chaloupe, dans l’intention apparemment de s’en saisir. Alors la nécessité de se défendre força les Hollandais à tirer trois coups au milieu d’eux. Le bruit et la flamme ne parurent pas les effrayer, mais lorsqu’au troisième coup, qui en perça un dans la poitrine, ils virent sortir la balle par le dos, et leur compagnon tomber sans mouvement, ils ne pensèrent qu’à s’éloigner. Ces insulaires avaient