Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/83

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Schouten, embarrassé de ce doute, prit le parti de monter promptement au sud ou au nord. Le vent, qui venait alors de l’est, amena autour du navire une prodigieuse quantité de poisson, d’herbes et de feuilles ; mais on ne trouva point de fond à la vue continuelle de la côte. L’équipage était consolé par l’abondance et la fraîcheur des vivres. Entre les fruits qu’on avait tirés des dernières îles, il y en avait un qui était jaune en dedans, ou couleur d’orange, et vert en dehors ; mais creux, rempli de pépins, et plus petit que le melon, auquel il ressemblait assez par le goût. On en mangea beaucoup avec du sel et du poivre, et les malades même le trouvèrent fort sain.

Le 25, on découvrit, à la gauche du vaisseau, une grande étendue de pays, de hauteur inégale, qu’on laissa au sud-sud-ouest. Le 26 on eut la vue de trois îles ; et le 27, à la hauteur de 29′, on vit au sud de hautes terres et d’autres basses, qu’on rangea toujours à l’ouest-nord-ouest. La nuit du 28 au 29 on se ressentit, au milieu des flots, d’un grand tremblement de terre. Les matelots, effrayés, sautaient hors de leurs cabanes, sans pouvoir comprendre d’où venaient les terribles secousses qui ébranlaient le vaisseau, surtout dans un passage où l’on ne trouvait pas de fond. Le 30 on entra dans un grand golfe, qui paraissait environné de terres. Ce jour fut épouvantable par un tonnerre et des éclairs qui semblaient couvrir le vaisseau de flammes. Ils furent sui-