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vis d’une pluie si extraordinaire, que les plus anciens matelots n’avaient rien vu de semblable. Les dangers du climat, et la crainte de ne pas trouver dans le golfe d’autre ouverture que son entrée, firent mettre le cap au nord. Le soir du 31 on passa pour la seconde fois sous la ligne, et l’on mouilla sur douze brasses près d’une île déserte, à peu de distance du continent. On se trouva le lendemain à 15′ de latitude nord. Le 3, un banc de sable fort large, à 45′, ôta presque entièrement la vue des terres. On jugea par cette hauteur qu’on était à l’extrémité de la Nouvelle-Guinée, après avoir fait plus de deux cent quatre-vingts lieues le long des côtes. Les courans portaient à l’ouest-sud-ouest ; excellent fond néanmoins depuis quarante brasses jusqu’à douze. Le même jour on vit des baleines et des tortues. Vers le soir deux îles se présentèrent à l’ouest.

Le 4 on observa que la direction des courans était à l’ouest, et, la course étant au sud-sud-ouest, on eut la vue de sept ou huit îles, qui obligèrent de passer toute la nuit au large, dans la crainte de dériver trop sur les côtes. On gouverna le lendemain au sud et au sud-ouest ; mais un vent contraire força les pilotes de s’approcher d’une île où la chaloupe ne put trouver de fond que sous le rivage, à quarante-cinq brasses. Trois pirogues, qui l’abordèrent aussitôt avec la bannière blanche, ne firent pas difficulté de la suivre jusqu’au vaisseau.