Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/10

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à ma rencontre. Il était d’une taille gigantesque, et semblait réaliser les contes des monstres à forme humaine. La peau d’un animal sauvage, d’une forme approchant des manteaux des montagnards écossais, lui couvrait les épaules : il avait le corps peint de la manière du monde la plus hideuse ; l’un de ses yeux était entouré d’un cercle noir, l’autre d’un cercle blanc ; le reste du visage était bizarrement sillonné par des lignes de diverses couleurs. Je ne le mesurai point ; mais si je puis juger de sa hauteur par comparaison de sa taille à la mienne, il n’était guère au-dessous de sept pieds[1]. À l’instant où ce colosse effrayant me joignit, nous prononçâmes l’un et l’autre quelques paroles en forme de salut ; et j’allai avec lui trouver ses compagnons, à qui je fis signe de s’asseoir au moment de les aborder, et tous eurent cette complaisance. Il y avait parmi eux plusieurs femmes d’une taille proportionnée à celle des hommes, qui étaient presque tous d’une stature égale à celle du chef qui était venu au-devant de moi. Le son de plusieurs voix réunies avait frappé mes oreilles dans l’éloignement ; et lorsque j’approchai, je vis un certain nombre de vieillards qui, d’un air grave, chantaient d’un ton si plaintif, que j’imaginai qu’ils célébraient quelque acte de religion : ils étaient tous peints et vêtus à peu près de la même manière. Les cercles peints autour des yeux variaient pour la couleur ; les

  1. La mesure anglaise est plus petite que la mesure française d’un pouce par pied.