Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/11

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uns les avaient blancs et rouges, les autres rouges et noirs. Leurs dents, qui ont la blancheur de l’ivoire, sont unies et bien rangées ; la plupart étaient nus, à l’exception d’une peau jetée sur les épaules, le poil en dedans ; quelques-uns portaient aussi des bottines, ayant à chaque talon une petite cheville de bois qui leur sert d’éperon. Je considérais avec étonnement cette troupe d’hommes extraordinaires, dont le nombre s’accrut encore de plusieurs autres qui arrivèrent au galop, et que je ne réussis qu’avec peine à faire asseoir à côté de leurs compagnons. Je leur distribuai des grains de verroterie jaunes et blancs, qu’ils parurent recevoir avec un extrême plaisir. Je leur montrai ensuite une pièce de ruban vert ; j’en fis prendre le bout à l’un d’entre eux, et je la développai dans toute sa longueur, en la faisant tenir par chacun de ceux qui se trouvaient placés de suite : tous restèrent tranquillement assis. Aucun de ceux qui tendaient ce ruban ne tenta de l’arracher des mains des autres, quoiqu’il parût leur faire plus de plaisir encore que les grains de verroterie. Tandis qu’ils tenaient ce ruban tendu, je le coupai par portions à peu près égales ; de sorte qu’il en resta à chacun la longueur d’environ trois pieds ; je la leur nouai ensuite autour de la tête, et ils la gardèrent sans y toucher aussi long-temps que je fus avec eux.

» Une conduite si paisible et si docile leur fait, en cette occasion, d’autant plus d’honneur,