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mouillage, je prolongeai la côte en suivant les canots qui sondaient. Les pirogues des Indiens n’ayant pas de voiles, et ne pouvant se tenir près de nous, regagnèrent la terre. Elle nous offrait la perspective la plus agréable et la plus pittoresque qu’on puisse imaginer. Près de la mer le pays est uni et couvert de différens arbres fruitiers, et notamment de cocotiers. On apercevait entre ces arbres les maisons des Indiens, qui dans l’éloignement ressemblent à de longues granges. À trois milles du rivage, le pays s’élève en collines couronnées de bois ; plus loin, elles atteignent une hauteur plus considérable, et donnent naissance à des rivières qui coulent jusqu’à la mer. Nous ne vîmes pas de bancs de sable ; mais nous reconnûmes que l’île est bordée d’un récif interrompu par quelques ouvertures qui laissaient un passage. Sur les trois heures après midi j’avançai vers une large baie qui semblait offrir un mouillage. Tandis que les canots y sondaient, j’observai qu’un grand nombre de pirogues les environnaient. Soupçonnant que les Indiens avaient le dessein de les attaquer, et voulant prévenir tout sujet de querelle, je fis signal à mon monde de revenir ; en même temps, pour intimider les Indiens, je fis tirer neuf coups de pierriers par-dessus leurs têtes. Malgré l’effroi que notre feu leur avait causé, plusieurs pirogues s’efforcèrent de couper le chemin à un canot ; mais comme il allait à la voile, et que les pirogues n’étaient manœuvrées