Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/117

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distance ; mais, lorsque les canots furent près de la plage, les Indiens devinrent plus hardis, et trois des plus grandes pirogues coururent sur le plus petit canot ; les Indiens qui les montaient tenaient leurs massues et leurs pagaies levées pour attaquer nos matelots. Ceux-ci, se voyant ainsi pressés, furent obligés de faire feu ; ils tuèrent un Indien et en blessèrent grièvement un autre. Ces malheureux, en recevant le coup, tombèrent dans la mer ; les autres Indiens s’y jetèrent après eux. Les deux autres pirogues prirent la fuite, et les canots revinrent sans éprouver d’autre obstacle. Dès que les Indiens qui s’étaient jetés à l’eau virent nos canots demeurer en place sans chercher à leur faire aucun mal, ils rentrèrent dans leurs pirogues, et y reprirent leurs compagnons blessés ; ils les dressèrent l’un et l’autre sur leurs pieds, pour voir s’ils pourraient se tenir debout ; et, reconnaissant que c’était impossible, ils essayèrent de les faire tenir assis ; ils y réussirent pour celui qui n’était que blessé, et le soutinrent dans cette posture ; mais, voyant que l’autre était tout-à-fait mort, ils étendirent son corps au fond de la pirogue. Quelques pirogues retournèrent ensuite à terre, et d’autres revinrent au vaisseau pour trafiquer ; ce qui nous prouva qu’ils étaient convaincus par notre conduite que, lorsqu’ils agissaient pacifiquement envers nous, ils n’avaient rien à craindre, et que, s’il leur était arrivé des malheurs, ils se les étaient attirés.