Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/121

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ment un plus grand nombre de pirogues chargées d’une marchandise que les autres ne nous avaient point encore apportée ; c’étaient des femmes qui offraient à nos yeux toutes les postures lascives qu’on peut imaginer. Pendant que ces dames mettaient tous leurs charmes en œuvre pour nous séduire, les grandes pirogues chargées de pierres s’avancèrent autour du vaisseau, une partie des Indiens chantant d’une voix rauque, d’autres soufflant dans des conques marines, d’autres jouant de la flûte. Un instant après, un homme qui était couché sur une espèce de sopha, dans une des doubles pirogues, fit signe qu’il désirait s’approcher de mon bord ; j’y consentis. Dès qu’il fut le long du vaisseau, il remit à une personne de l’équipage une aigrette de plumes rouges et jaunes, en lui faisant signe de me la transmettre. Je la reçus avec des expressions d’amitié, et je pris sur-le-champ quelques bagatelles pour les lui offrir en retour ; mais , à mon grand étonnement, il s’était déjà un peu éloigné, et à un signal qu’il donna en jetant une branche de cocotier qu’il tenait à la main, un cri général s’éleva de toutes les pirogues ; elles fondirent sur nous toutes à la fois, et nous lancèrent une grêle de pierres. La supériorité de nos armes pouvait seule nous assurer l’avantage sur la multitude qui nous assaillait ainsi sans motif ; car une grande partie de mon équipage était malade et faible. J’ordonnai de faire feu sur les Indiens ; la décharge jeta d’abord du désordre