Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/122

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parmi eux ; mais bientôt ils revinrent à la charge. Il fallut faire jouer de nouveau notre mousqueterie et nos pièces d’artillerie ; deux de celles-ci furent surtout dirigées contre un endroit du rivage où je voyais un grand nombre de pirogues occupées à embarquer des hommes, et venant vers le vaisseau en toute hâte. Quand l’artillerie commença à résonner, il n’y avait pas moins de trois cents pirogues autour du vaisseau, montées par plus de deux mille hommes, et de nouveaux renforts arrivaient continuellement de tous les côtés. Notre feu écarta bientôt les Indiens qui étaient près du vaisseau, et arrêta ceux qui se disposaient à venir sur nous : aussitôt que je vis une partie de nos ennemis faire retraite, et les autres se tenir paisibles, je fis cesser le feu, espérant qu’ils seraient assez convaincus de la supériorité de nos armes pour ne pas renouveler leur attaque ; j’étais malheureusement dans l’erreur. Un gros de pirogues dispersées se réunit de nouveau, resta quelque temps à considérer le vaisseau à un quart de mille de distance, puis, élevant tout à coup des pavillons blancs, s’avança vers l’arrière du bâtiment ; les pierres, lancées par des frondes avec beaucoup de force et d’adresse, recommencèrent en même temps à pleuvoir sur nous. Chacune de ces pierres pesait environ deux livres. Plusieurs blessèrent mes matelots qui en auraient souffert bien davantage sans une toile étendue au-dessus du pont pour nous défendre des ardeurs du soleil, et sans notre