Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/133

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du canonnier. Je le chargeai de veiller à ce que personne ne se permît aucune violence ni aucune fraude envers les Indiens, et d’attacher à nos intérêts, par tous les moyens possibles, le vieillard qui nous avait jusqu’alors bien servis. Le canonnier remplit mes intentions avec beaucoup d’exactitude et de fidélité. Il porta ses plaintes contre ceux qui transgressaient mes ordres, conduite qui fut avantageuse aux Indiens ainsi qu’à nous. Comme je punis les premières fautes avec la sévérité nécessaire, je prévins par-là celles qui pouvaient produire des conséquences désagréables. Nous dûmes beaucoup aussi au vieillard, qui ramenait ceux des nôtres qui s’écartaient du camp, et dont les avis servirent à tenir nos gens perpétuellement sur leurs gardes. Les Indiens cherchaient de temps en temps à nous voler quelque chose ; mais il trouvait toujours le moyen de faire rapporter ce qui avait été dérobé, par la crainte du fusil, sans qu’on tirât un seul coup. Un d’eux eut un jour l’adresse de traverser la rivière sans être vu, et de dérober une hache. Dès que le canonnier s’aperçut qu’elle lui manquait, il le fit entendre au vieillard, et prépara sa troupe, comme s’il eût voulu aller dans les bois à la poursuite du voleur. Le vieillard lui fit signe qu’il lui épargnerait cette peine ; et, partant sur-le-champ, il revint bientôt avec la hache. Le canonnier demanda qu’on mît le voleur entre ses mains ; le vieillard y consentit, non sans beaucoup de répugnance. Quand