Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Indien fut amené, le canonnier le reconnut comme ayant déjà fait plusieurs vols, et l’envoya prisonnier à bord du vaisseau. Je ne voulais le punir que par la crainte d’une punition ; je me laissai donc fléchir par les sollicitations et les prières ; je lui rendis la liberté, et je le renvoyai à terre. Quand les Indiens le virent revenir sain et sauf, leur satisfaction fut égale à leur étonnement ; ils le reçurent avec des acclamations universelles, et le conduisirent tout de suite dans les bois. Mais le jour suivant il revint, et apporta au canonnier, comme pour expier sa faute, une grande quantité de fruit à pain et un gros cochon tout rôti.

» Cependant la partie de l’équipage restée à bord s’occupait à calfater et à peindre les hauts du vaisseau, à raccommoder les agrès, à arrimer dans la cale, et à faire tous les autres travaux nécessaires dans notre situation. Ma maladie, qui était une colique bilieuse, augmenta si fort, que je fus obligé de me mettre au lit. Mon premier lieutenant continuait d’être fort mal et notre munitionnaire était dans l’impossibilité de faire ses fonctions. Le commandement fut dévolu tout entier à M. Furneaux, mon second lieutenant, à qui je donnai des ordres généraux, en lui recommandant d’avoir une attention particulière sur ceux de nos gens qui étaient à terre. Je réglai aussi qu’on donnerait du fruit et de la viande fraîche à l’équipage, tant qu’on pourrait s’en procurer, et que les canots seraient toujours de retour au vaisseau au soleil cou-