Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/144

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service à un enfant dans mon état de santé.

» Le lendemain matin, 13, je lui envoyai par le canonnier six haches, six faucilles et plusieurs autres présens. À son retour mon messager me dit qu’il avait trouvé la reine donnant un festin à un millier de personnes. Ses domestiques lui portaient les mets tout préparés, la viande dans des écales de cocos, et les coquillages dans des espèces d’augets de bois semblables à ceux dont les bouchers se servent : elle les distribuait ensuite de ses propres mains à tous ses hôtes qui étaient assis et rangés autour de la grande maison. Ensuite elle s’assit sur une espèce d’estrade, et deux femmes placées à ses côtés lui donnèrent à manger ; les femmes lui présentaient les mets avec leurs doigts : elle n’avait que la peine d’ouvrir la bouche. Lorsqu’elle aperçut le canonnier, elle lui fit servir une portion ; il ne put pas nous dire ce que c’était, mais il crut que c’était une poule coupée en petits morceaux avec des corossols, et assaisonnée avec de l’eau salée. Il trouva au reste le mets fort bon. La reine accepta les choses que je lui envoyais, et en parut très-satisfaite. Après que cette liaison avec la reine fut établie, les provisions de toute espèce devinrent plus communes au marché : mais, malgré leur abondance, nous fûmes encore obligés de les payer plus chèrement qu’à notre arrivée, notre commerce se trouvant gâté par les clous que nos gens avaient dérobés pour les donner aux femmes. Je donnai ordre