Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dant que cela se passait, notre chirurgien, qui s’était fort échauffé en marchant, ôta sa perruque. Une exclamation subite d’un des Indiens à cette vue attira l’attention de tous les autres sur ce prodige qui fixa tous les yeux, et qui suspendit jusqu’aux soins des jeunes filles pour nous. Toute l’assemblée demeura quelque temps sans mouvement et dans le silence de l’étonnement, qui n’eût pas été plus grand s’ils eussent vu un des membres de notre compagnon séparé de son corps. Cependant les jeunes femmes qui nous frottaient reprirent bientôt leurs fonctions, qu’elles continuèrent environ une demi-heure, après quoi elles nous rhabillèrent, et, comme on peut le croire, avec un peu de gaucherie. Nous nous trouvâmes fort bien de leurs soins, le lieutenant, le munitionnaire et moi. Ensuite notre généreuse bienfaitrice fit apporter quelques ballots d’étoffes avec lesquelles elle m’habilla à la mode du pays, ainsi que tous ceux qui étaient avec moi. Je résistai d’abord à cette faveur ; mais ne voulant pas paraître indifférent à une chose qu’elle imaginait devoir me faire plaisir, je cédai. Quand nous partîmes, elle nous fit donner une truie pleine, et nous accompagna jusqu’à notre canot. Elle voulait qu’on me portât encore ; mais comme j’aimais mieux marcher, elle me prit par le bras ; et toutes les fois que nous trouvions dans notre chemin de l’eau ou de la boue à traverser, elle me soulevait avec autant de facilité que j’en aurais eu à rendre le même