Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/147

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pèce. Le canonnier envoya au vaisseau quatorze cochons et une grande quantité de fruits.

» Le 18 après-midi, la reine vint à bord, et m’apporta deux gros cochons en présent, car jamais elle ne voulut consentir à rien recevoir en échange. Le soir, le maître d’équipage la reconduisit à terre avec un présent. Aussitôt qu’ils furent débarqués, elle le prit par la main, et ayant fait un discours au peuple qui les environnait en foule, elle le mena à sa maison, où elle l’habilla à la manière du pays, comme elle en avait usé avec nous auparavant.

» Le 19 nous reçûmes plus de denrées que nous n’en avions jusqu’à présent pu obtenir en un jour ; quarante-huit cochons ou cochons de lait, quatre douzaines de poules, du fruit à pain, des bananes, des corossols et des cocos presque sans nombre.

» Le 20 le commerce se soutint avantageusement ; mais l’après-dînée on découvrit que François Pinckney, un des matelots, avait arraché les taquets de la grande écoute, et les avait jetés dans la mer, après avoir dérobé les clous. M’étant assuré du coupable, j’assemblai tout l’équipage ; et après avoir exposé son crime avec toutes les circonstances qui l’aggravaient, je le condamnai à courir trois fois la bouline en faisant le tour du pont. Toute ma rhétorique ne produisit pas beaucoup d’effet ; car la plus grande partie de l’équipage étant coupable du même délit, il fut traité si doucement, que les autres furent plutôt en-