Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

couragés par l’espérance de l’impunité qu’effrayés de la crainte de la punition. Il ne me resta d’autre moyen d’empêcher la destruction entière du vaisseau, et l’enchérissement des denrées à un taux où nous aurions bientôt manqué de moyens de les payer, que de défendre à tout le monde d’aller à terre, excepté à ceux qui faisaient de l’eau et du bois, et à la garde que je leur donnais.

» Le 21 la reine vint de nouveau à bord du vaisseau, et fit apporter avec elle plusieurs gros cochons en présent, pour lesquels, à son ordinaire, elle ne voulut rien recevoir en retour. Lorsqu’elle fut près de quitter le navire, elle fit entendre qu’elle désirait que j’allasse à terre avec elle ; à quoi je consentis en prenant plusieurs officiers avec moi. Quand nous fûmes arrivés à sa maison, elle me fit asseoir ; et, prenant mon chapeau, elle y attacha une aigrette de plumes de différentes couleurs. Cette parure, que je n’avais vue à personne qu’à elle, était assez agréable. Elle attacha aussi à mon chapeau, et aux chapeaux de ceux qui étaient avec moi, une espèce de guirlande faite de tresses de cheveux, et nous fit entendre que c’étaient de ses propres cheveux, et qu’elle-même les avait tressés ; elle nous donna quelques nattes très-adroitement travaillées. Le soir, elle nous accompagna jusqu’au rivage, et, lorsque nous entrâmes dans notre canot, elle nous donna une truie et une grande quantité de fruits. En partant je lui fis comprendre que je quitte-