Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/153

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vieillard, et je le pris pour nous conduire ; nous suivîmes le cours de la rivière, partagés en deux bandes, qui marchaient chacune d’un côté. Les deux premiers milles, elle coule dans une vallée très-large, où nous vîmes plusieurs maisons, des jardins enclos, et une grande quantité de cochons, de volailles et de fruits ; le sol, qui est d’une couleur noirâtre, nous parut gras et fertile. La vallée devenant ensuite très-étroite, et le terrain étant escarpé d’un côté de la rivière, nous fûmes obligés de marcher tous de l’autre. Dans les endroits où le courant sort des montagnes, on a creusé des canaux pour conduire l’eau dans les jardins et les plantations d’arbres fruitiers. Nous aperçûmes dans ces jardins une herbe que les habitans ne nous avaient jamais apportée, et nous vîmes qu’ils la mangeaient crue. Je la goûtai, et je la trouvai agréable ; sa saveur ressemble assez à celle de l’épinard des îles d’Amérique, appelé calalou, quoique les feuilles eu soient un peu différentes. Les terrains sont fermés de haies, et forment un coup d’œil agréable ; le fruit à pain et les corossoliers sont plantés en allées sur le penchant des collines ; et les cocotiers et les bananiers, qui demandent plus d’humidité, dans la plaine. Au-dessous des arbres, et sur les collines, il croît de très-bonne herbe ; nous ne vîmes point de broussailles. En avançant, les sinuosités de la rivière devenaient innombrables, les collines s’élevaient en montagnes, et partout de grandes cimes de rochers pen-