Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/164

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mes, car il n’était pas permis aux hommes de traverser la rivière. L’équipage faisait ce trafic depuis long-temps lorsque les officiers s’en aperçurent. Quand quelques-uns de nos gens s’écartaient un peu pour aller recevoir des femmes, ils avaient la précaution d’en mettre d’autres en sentinelle pour n’être pas découverts. Dès que j’en fus informé, je ne m’étonnai plus qu’on arrachât les fers et les clous du vaisseau, et qu’il fût en danger de tomber en pièces. Tout notre monde avait par jour des provisions fraîches et des fruits autant qu’il pouvait en manger, et j’avais été embarrassé jusqu’alors d’expliquer d’où provenait cette détérioration.

» L’habillement des hommes et des femmes est de bonne grâce, et leur sied bien ; il est fait d’une espèce d’étoffe blanche que leur fournit l’écorce d’un arbuste, et qui ressemble beaucoup au gros papier de la Chine. Deux pièces de cette étoffe forment leur vêtement : l’une, qui a un trou au milieu pour y passer la tête, pend depuis les épaules jusqu’à mi-jambe devant et derrière ; l’autre a douze ou quinze pieds de longueur, et à peu près trois de largeur ; ils l’enveloppent autour de leur corps sans la serrer. Cette étoffe n’est point tissue ; elle est fabriquée comme le papier, avec les fibres ligneuses d’une écorce intérieure qu’on a mises en macération, et qu’on a ensuite étendues et battues les unes sur les autres. Les plumes, les fleurs, les coquillages et les perles font partie de leurs ornemens et de leur parure ; ce