Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/166

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ses gens ; il entreprit bientôt de se servir du couteau et de la fourchette dans ses repas ; mais lorsqu’il avait pris un morceau avec sa fourchette, il ne pouvait pas venir à bout de conduire cet instrument ; il portait sa main à sa bouche, entraîné par la force de l’habitude, et le morceau qui était au bout de la fourchette allait passer à côté de son oreille.

» Les Taïtiens se nourrissent de cochons, de volailles, de chiens et de poissons, de fruit à pain, de bananes, d’ignames, de corossols, d’un autre fruit aigre qui n’est pas bon en lui-même, mais qui donne un goût fort agréable au fruit à pain grillé, avec lequel ils le mangent souvent. Il y a dans l’île beaucoup de rats ; mais je n’ai pas vu qu’ils les mangeassent. La rivière fournit de bons mulets ; mais ils ne sont ni gros, ni en grande quantité. Ils trouvent, sur le récif des conques, des moules, et d’autres coquillages qu’ils prennent à la marée basse, et qu’ils mangent crus avec du fruit à pain, avant de retourner à terre. La rivière produit aussi de belles écrivisses, et à peu de distance de la côte ils pêchent avec des lignes et des hameçons de nacre de perle des perroquets de mer et d’autres espèces de poissons qu’ils aiment si passionnément, qu’ils ne voulurent jamais nous en vendre, malgré le haut prix que nous leur en offrions. Ils ont encore de très-grands filets à petites mailles, avec lesquels ils pêchent certains poissons de la grosseur des sardines. Tandis qu’ils se servaient de leurs lignes et de