Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/171

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n’ont qu’un mât au milieu du bâtiment, et un balancier sur un des côtés ; avec ces navires, ils vont bien avant en mer, et probablement jusque dans d’autres îles, d’où ils rapportent des bananes et des ignames, qui semblent y être plus abondantes qu’à Taïti. Ils ont une troisième espèce de pirogues qui paraissent destinées principalement aux parties de plaisir et aux fêtes d’apparat ; ce sont de grands bâtimens sans voiles, dont la forme ressemble aux gondoles de Venise ; ils élèvent au milieu une espèce de toit, et ils s’asseyent les uns dessus, les autres dessous. Aucun de ces derniers bâtimens n’approcha du vaisseau, excepté le premier et le second jour de notre arrivée ; mais nous en voyions, trois ou quatre fois par semaine, une procession de huit ou dix qui passaient à quelque distance de nous, avec leurs enseignes déployées et beaucoup de petites pirogues à leur suite, tandis qu’un grand nombre d’habitans les suivaient en courant le long du rivage. Ordinairement ils dirigeaient leur marche vers la pointe extérieure d’un récif situé à environ quatre milles à l’ouest de notre mouillage ; après s’y être arrêtées l’espace d’une heure, ils s’en retournaient. Ces processions cependant ne se font jamais que dans un beau temps, et tous les Taïtiens qui sont à bord sont parés avec plus de soin, quoique dans les autres pirogues ils ne portent qu’une pièce d’étoffe autour de leurs reins. Les rameurs et ceux qui gouvernaient le bâtiment étaient habillés de