Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/170

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Nous apprîmes ensuite que cette gomme distille de leur corossolier. Notre chirurgien s’en procura, et l’employa avec beaucoup de succès comme un baume vulnéraire.

» J’ai déjà décrit les habitations de ces heureux insulaires ; outre leurs maisons nous vîmes des hangars fermés, et sur les poteaux qui soutiennent ces édifices plusieurs figures grossièrement sculptées, d’hommes, de femmes, de chiens et de cochons. Nous nous aperçûmes que les naturels du pays entraient de temps en temps dans ces édifices d’un pas lent et avec l’air de la douleur, et nous conjecturâmes que c’étaient les cimetières où ils déposaient leurs morts ; le milieu des hangars était bien pavé avec de grandes pierres rondes ; mais il nous parut qu’on n’y marchait pas souvent, car l’herbe y croissait partout. Je me suis appliqué avec une attention particulière à découvrir si les Taïtiens avaient un culte religieux ; mais je n’en ai pu reconnaître la moindre trace.

» Les pirogues de ces peuples sont de trois espèces différentes : quelques-unes sont faites d’un seul arbre, et portent de deux à six hommes : ils s’en servent surtout pour la pêche, et nous en avons toujours vu un grand nombre occupées sur le récif ; d’autres sont construites de planches jointes ensemble très-adroitement ; elles sont plus ou moins grandes, et portent de dix à quarante hommes. Ordinairement ils en attachent deux ensemble, et entre l’une et l’autre ils dressent deux mâts. Les pirogues simples