Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/177

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vu de cochons ; il rapportait deux poules, quelques cocos, des bananes et des ignames. Deux pirogues, montées chacune par six Indiens, s’étaient approchées des canots ; ils montrèrent des dispositions pacifiques ; ils semblaient être de la même race que les Taïtiens, étaient vêtus d’une espèce de natte, et avaient la première jointure des petits doigts coupée. Cinquante autres insulaires, venant de l’intérieur de l’île, s’étaient ensuite approchés jusqu’à trois cents pieds des canots, sans vouloir avancer davantage. Quand nos canots s’éloignèrent de la côte, trois Indiens sortirent de leurs pirogues pour passer dans une de nos embarcations ; mais, quand ils furent éloignés d’un demi-mille de la côte, ils se jetèrent précipitamment dans la mer, et s’en retournèrent à la nage.

» Quand on m’eût fait ce rapport, je considérai qu’il y avait beaucoup d’inconvéniens à mouiller dans cet endroit ; qu’en outre nous étions à l’époque la plus rigoureuse de l’hiver, dans l’hémisphère austral ; que le vaisseau faisait eau, que nous ignorions jusqu’à quel point il était endommagé, et qu’en conséquence il fallait faire route au nord pour chercher un port où je pourrais me radouber et prendre des vivres frais pour me mettre en état de gagner Batavia et le cap de Bonne-Espérance.

» Je passai donc devant l’île Boscawen sans la visiter. C’est une terre ronde, haute, bien boisée et très-peuplée. L’île Keppel est beau-