Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/184

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posions, ils en parurent fâchés ; ils nous faisaient signe d’attendre, et qu’il allait encore venir des leurs. Nous leur fîmes entendre que nous reviendrions le lendemain, et que nous leur apporterions ce qu’ils désiraient. Il nous sembla qu’ils eussent mieux aimé que nous couchassions à terre. Lorsqu’ils virent que nous partions, ils nous accompagnèrent au bord de la mer ; un Patagon chantait pendant cette marche. Quelques-uns se mirent dans l’eau jusqu’aux genoux pour nous suivre plus long-temps. Arrivés à nos canots, il fallut avoir l’œil à tout : ils saisissaient tout ce qui leur tombait sous la main. Un d’eux s’était emparé d’une faucille ; on s’en aperçut, et il la rendit sans résistance. Avant de nous éloigner, nous vîmes encore grossir leur troupe par d’autres qui arrivaient incessamment à toute bride. Nous ne manquâmes pas, en nous séparant, d’entonner un chaoua dont toute la côte retentit.

» Ces Américains sont les mêmes que ceux vus par l’Étoile en 1766. Un de nos matelots, qui était alors sur cette flûte, en a reconnu un qu’il avait vu dans le premier voyage. Ces hommes sont d’une belle taille : parmi ceux que nous avons vus, aucun n’était au-dessous de cinq pieds cinq à six pouces, ni au-dessus de cinq pieds neuf à dix pouces ; les gens de l’Étoile en avaient vu dans le précédent voyage plusieurs de six pieds. Ce qui m’a paru être gigantesque en eux, c’est leur énorme carrure, la grosseur de leur tête et l’épaisseur de leurs