Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/185

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membres. Ils sont robustes et bien nourris, leurs nerfs sont tendus, leur chair est ferme et soutenue ; c’est l’homme qui, livré à la nature et à un aliment plein de sucs, a pris tout l’accroissement dont il est susceptible ; leur figure n’est ni dure ni désagréable, plusieurs l’ont jolie ; leur visage est rond et un peu plat ; leurs yeux sont vifs ; leurs dents, extrêmement blanches, n’auraient pour Paris que le défaut d’être larges ; ils portent de longs cheveux noirs attachés sur le sommet de la tête. J’en ai vu qui avaient sous le nez des moustaches plus longues que fournies. Leur couleur est bronzée comme l’est sans exception, celle de tous les Américains, tant de ceux qui habitent la zone torride que de ceux qui naissent dans les zones tempérées et glaciales. Quelques-uns avaient les joues peintes en rouge : il nous a paru que leur langue était douce, et rien n’annonce en eux un caractère féroce. Nous n’avons point vu leurs femmes ; peut-être allaient-elles venir car ils voulaient toujours que nous attendissions, et ils avaient fait partir un des leurs du côté d’un grand feu, auprès duquel paraissait être leur camp, à une lieue de l’endroit où nous étions, nous montrant qu’il en allait arriver quelqu’un.

» L’habillement de ces Patagons est le même à peu près que celui des Indiens de la rivière de la Plata ; c’est un simple bragué de cuir qui leur couvre les parties naturelles, et un grand manteau de peaux de guanaques ou de souril-