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ses enchantemens l’effet du mauvais sort qu’ils nous soupçonnaient d’avoir jeté sur eux.

» Nous retournâmes à bord à l’entrée de la nuit ; l’enfant souffrait moins. Toutefois un vomissement presque continuel qui le tourmentait nous fit appréhender qu’il ne fût passé du verre dans l’estomac. Nous eûmes lieu de croire que nos conjectures n’avaient été que trop justes. Vers les deux heures après minuit, on entendit du bord des hurlemens répétés ; et dès le point du jour, quoiqu’il fît un temps affreux, les sauvages appareillèrent. Ils fuyaient sans doute un lieu souillé par la mort, et des étrangers funestes qu’ils croyaient n’être venus que pour les détruire. Jamais ils ne purent doubler la pointe occidentale de la baie. Dans un instant plus calme ils remirent à la voile ; un grain violent les jeta au large, et dispersa leurs faibles embarcations. »

Nous n’omettrons pas un avis important que Bougainville donne aux navigateurs, au sujet de ce terrible passage du détroit de Magellan, dans lequel il éprouva, comme tant d’autres, des peines et des fatigues, et dont il sortit le 27 janvier. « Malgré les difficultés que nous avons essuyées, dit-il, je conseillerai toujours de préférer cette route à celle du cap Horn, depuis le mois de septembre jusqu’à la fin de mars. Dans les autres mois de l’année, quand les nuits sont de seize, dix-sept et dix-huit heures, je prendrais le parti de passer à mer ouverte. Le vent contraire et la grosse mer