Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/197

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ne sont pas des dangers, au lieu qu’il n’est pas sage de passer à tâtons entre les terres. On sera sans doute retenu quelque temps dans le détroit, mais ce retard n’est pas en pure perte. On y trouve en abondance de l’eau, du bois et des coquillages, quelquefois aussi de très-bons poissons ; et assurément je ne doute pas que le scorbut ne fit plus de dégât dans un équipage qui serait parvenu à la mer occidentale en doublant le cap Horn que dans celui qui sera entré par le détroit de Magellan. Quand nous en sortîmes, nous n’avions personne sur les cadres. »

Depuis son entrée dans le grand Océan, Bougainville, après quelques jours de vents variables de la région de l’ouest, eut promptement les vents de sud et de sud-est. Il ne s’était pas attendu à les trouver sitôt, les vents d’ouest conduisant ordinairement jusque par les , et il avait résolu de relâcher à l’île de Juan Fernandès pour tâcher d’y faire de bonnes observations astronomiques. « Je voulais aussi, ajoute-t-il, établir un point de départ assuré pour traverser cet océan immense, dont l’étendue est marquée différemment par les diffèrens navigateurs. La rencontre accélérée des vents de sud et de sud-est me fit renoncer à cette relâche qui eût allongé mon chemin.

» Lorsque nous fûmes dans la mer Pacifique, je convins avec le commandant de l’Étoile qu’afin de découvrir un plus grand espace de mer, il s’éloignerait de moi dans le sud tous les