Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/198

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matins, à la distance que le temps permettrait, sans nous perdre de vue ; que le soir nous rallierions, et qu’alors il se tiendrait dans nos eaux environ à une demi-lieue. Par ce moyen, si la Boudeuse eut rencontré, la nuit, quelque danger subit, l’Étoile était dans le cas de manœuvrer pour nous donner les secours que les circonstances auraient comportés. Cet ordre de marche a été suivi pendant tout le voyage. »

Bougainville eut le 21 mars un indice du voisinage de terre par la pêche d’un thon, dans l’estomac duquel on trouva, non encore digérés, de petits poissons dont les espèces ne s’éloignent jamais des côtes. Effectivement, le lendemain on eut connaissance en même temps de quatre îlots et d’une petite île. Bougainville nomma les îlots les quatre Facardins ; et comme ils étaient trop au vent, il fit courir sur la petite île qu’il avait devant lui. À mesure qu’il s’en approchait, il découvrit qu’elle est bordée d’une plage de sable très-unie, et que tout l’intérieur est couvert de bois touffus au-dessus desquels s’élèvent les cocotiers. La mer brisait assez au large au nord et au sud, et une grosse lame qui battait toute la côte de l’est défendait l’accès de l’île. « Cependant, continue-t-il, la verdure charmait nos yeux, et les cocotiers nous offraient partout leurs fruits et leur ombre, sur un gazon émaillé de fleurs ; des milliers d’oiseaux voltigeaient autour du rivage, et semblaient annoncer une côte poissonneuse ; on soupirait après la descente. Nous crûmes