Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/200

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d’un coup quelques-unes de ces terres basses dont les approches sont si dangereuses. Il fut même obligé de rester en travers une partie de la nuit du 22 au 23 ; le temps s’étant mis à l’orage avec un grand vent, de la pluie et du tonnerre, au point du jour on vit une terre et des brisans le long de la côte. L’île était très-basse, et couverte d’arbres. On reconnut qu’elle n’était formée que par deux langues de terre fort étroites qui se rejoignent dans la partie du nord-ouest, et laissent une ouverture au sud-est entre leur pointe. Le milieu est ainsi occupé par la mer dans toute sa longueur, qui est de dix à douze lieues, en sorte que la terre présente une espèce de fer à cheval très-allongé.

L’après-midi l’on aperçut des pirogues qui naviguaient dans l’espèce de lac que cette île embrasse, les unes à la voile, les autres avec des pagaies. Les sauvages qui les conduisaient étaient nus. Le soir on vit un assez grand nombre d’insulaires dispersés le long de la côte. Ils parurent avoir aussi à la main de ces longues lances dont les habitans de la première île menaçaient les Français. On ne trouva aucun endroit où les canots pussent aborder ; partout la mer écumait avec une égale force. La forme de cette île la fit nommer île de la Harpe.

Le même jour, à cinq heures du soir, on aperçut une nouvelle terre ; c’était encore une île très-basse qui avait environ vingt-quatre milles de long. Jusqu’au 27 on continua à naviguer au milieu d’îles basses et en partie noyées,