Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/202

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et fort escarpée, qui parut isolée, et que Bougainville nomma Boudoir ou le Pic de la Boudeuse. Il courait dessus pour la reconnaître lorsqu’il eut la vue d’une autre terre dans l’ouest-quart-nord-ouest, dont la côte non moins élevée offrait aux yeux une étendue indéterminée. « Nous avions, continue-t-il, le plus urgent besoin d’une relâche qui nous procurât du bois et des rafraîchissemens, et on se flattait de les trouver sur cette terre. Il fit presque calme tout le jour. La brise se leva le soir, et nous courûmes sur la terre jusqu’à deux heures du matin, que nous remîmes pendant trois heures le bord au large. Le soleil se leva enveloppé de nuages et de brume, et ce ne fut qu’à neuf heures du matin que nous revîmes la terre. On n’apercevait plus le Pic de la Boudeuse que du haut des mâts. Les vents soufflaient du nord au nord-nord-est, et nous tînmes le plus près pour attérir au vent de l’île. Nous aperçûmes au delà de sa pointe du nord une autre terre éloignée plus septentrionale encore, sans que nous pussions alors distinguer si elle tenait à la première île, ou si elle en formait une seconde.

» Pendant la nuit du 3 au 4, nous louvoyâmes pour nous élever dans le nord. Des feux que nous vîmes avec joie briller de toutes parts sur la côte nous apprirent qu’elle était habitée. Le 4, au lever de l’aurore, nous reconnûmes que les deux terres qui la veille nous avaient paru séparées étaient unies ensemble par une terre plus basse qui se courbait en