Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/214

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les travailleurs et les malades. Je restai à terre la première nuit, qu’Ereti voulut aussi passer dans nos tentes. Il fit apporter son souper qu’il joignit au nôtre, chassa la foule qui entourait le camp, et ne retint avec lui que cinq ou six de ses amis. Après souper, il demanda des fusées, et elles lui firent au moins autant de peur que de plaisir. Sur la fin de la nuit, il envoya chercher une de ses femmes, qu’il fit coucher dans la tente de M. de Nassau. Elle était vieille et laide.

» La journée suivante se passa à perfectionner notre camp. Ce hangar était bien fait et parfaitement couvert d’une espèce de natte. Nous n’y laissâmes qu’une issue, à laquelle nous mîmes une barrière et un corps-de-garde. Ereti, ses femmes et ses amis, avaient seuls la permission d’entrer ; la foule se tenait en dehors du hangar : un de nos gens, une baguette à la main, suffisait pour la faire écarter. C’était là que les insulaires apportaient de toutes parts des fruits, des poules, des cochons, du poisson et des pièces de toile qu’ils échangeaient contre des clous, des outils, des perles fausses, des boutons et mille autre bagatelles qui étaient des trésors pour eux. Au reste, ils examinaient attentivement ce qui pouvait nous plaire ; ils virent que nous cueillions des plantes antiscorbutiques, et qu’on s’occupait aussi à chercher des coquilles. Les femmes et les enfans ne tardèrent pas à nous apporter à l’envi des paquets des mêmes plantes qu’ils nous avaient vus