Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/215

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ramasser, et des paniers remplis de coquilles de toutes espèces. On payait leurs peines à peu de frais.

» Ce même jour, je demandai au chef de m’indiquer du bois que je pusse couper. Le pays bas où nous étions n’est couvert que d’arbres fruitiers et d’une espèce de bois plein de gomme et de peu de consistance : le bois dur vient sur les montagnes. Ereti me marqua les arbres que je pouvais couper, et m’indiqua même de quel côté il fallait les faire tourner en les abattant. Au reste les insulaires nous aidaient beaucoup dans nos travaux ; nos ouvriers abattaient les arbres et les mettaient en bûches, que les gens du pays transportaient aux bateaux : ils aidaient de même à faire l’eau, emplissant les pièces et les conduisant aux chaloupes. On leur donnait pour salaire des clous dont le nombre se proportionnait au travail qu’ils avaient fait. La seule gêne qu’on eût, c’est qu’il fallait sans cesse avoir l’œil à tout ce qu’on apportait à terre, à ses poches même ; car il n’y a point en Europe de plus adroits filous que les gens de ce pays.

» Cependant il ne semble pas que le vol soit ordinaire entre eux. Rien ne ferme dans leurs maisons, tout y est à terre ou suspendu, sans serrure ni gardiens. Sans doute la curiosité pour des objets nouveaux excitait en eux de violens désirs, et d’ailleurs il y a partout de la canaille. On avait volé les deux premières nuits, malgré les sentinelles et les patrouilles, auxquelles on