Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/223

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que celui sur lequel étaient tombées les nôtres. Lorsque cette opération fut faite, notre chaloupe alla lever par son orin l’ancré de deux mille sept cents ; nous entalinguâmes dessus un autre câble, et nous l’allongeâmes dans le nor-dest ; nous relevâmes ensuite l’ancre à jet de l’Étoile que nous lui rendîmes. Dans ces deux jours, M. de La Girandais, commandant de cette flûte, a eu la plus grande part au salut de la frégate par les secours qu’il m’a donnés. C’est avec plaisir que je paie ce tribut de reconnaissance à cet officier, déjà mon compagnon dans mes autres voyages, et dont le zèle égale les talens.

» Cependant, lorsque le jour était venu, aucun Indien ne s’était approché du camp ; on n’avait vu naviguer aucune pirogue, on avait trouvé les maisons voisines abandonnées, tout le pays paraissait désert. Le prince de Nassau, lequel, avec quatre ou cinq hommes seulement, s’était éloigné davantage dans le dessein de rencontrer quelques insulaires, et de les rassurer, en trouva un grand nombre avec Ereti, environ à une lieue du camp : dès que ce chef eut reconnu M. de Nassau, il vint à lui d’un air consterné ; les femmes éplorées se jetèrent à ses genoux, elles lui baisaient les mains en pleurant, et répétant plusieurs fois : Tayo, maté ; vous êtes nos amis, et vous nous tuez. À force de caresses et d’amitié, il parvint à les ramener. Je vis du bord une foule de peuple accourir au quartier ; des poules, des cocos, des ré-