Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/227

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lendemain ; mais à minuit il s’éleva un grand frais de l’est-nord-est, qui me contraignit à embarquer les bateaux, et à faire de la voile pour me tirer de dessus la côte : ainsi un mouillage de neuf jours nous a coûté six ancres, perte que nous n’aurions pas essuyée, si nous eussions été munis de quelques chaînes de fer. C’est une précaution que ne doivent jamais oublier tous les navigateurs destinés à de pareils voyages.

» Maintenant que les navires sont en sûreté, arrêtons-nous un instant pour recevoir les adieux des insulaires. Dès l’aube du jour, lorsqu’ils s’aperçurent que nous mettions à la voile, Éreti avait sauté seul dans la première pirogue qu’il avait trouvée sur le rivage, et s’était rendu à bord. En y arrivant, il nous embrassa tous ; il nous tenait quelques instans entre ses bras, versant des larmes et paraissant très-affecté de notre départ. Peu de temps après, sa grande pirogue vint à bord, chargée de rafraîchissemens de toute espèce ; ses femmes étaient dedans, et avec elles ce même insulaire qui, le premier jour de notre attérage, était venu s’établir à bord de l’Étoile. Éreti fut le prendre par la main, et il me le présenta, en me faisant entendre que cet homme, dont le nom est Aotourou, voulait nous suivre, en me priant d’y consentir. Il le présenta ensuite à tous les officiers, chacun en particulier, disant que c’était son ami qu’il confiait à ses amis, et il nous le recommanda avec les plus grandes marques