Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/228

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d’intérêt. On fit encore à Éreti des présens de toute espèce, après quoi il prit congé de nous, et fut rejoindre ses femmes, lesquelles ne cessèrent de pleurer tout le temps que la pirogue fut le long du bord. Il y avait aussi dedans une jeune et jolie fille que l’insulaire qui venait avec nous fut embrasser ; il lui donna trois perles qu’il avait à ses oreilles, la baisa encore une fois, et malgré les larmes de cette jeune fille, son épouse ou son amante, il s’arracha de ses bras et remonta dans le vaisseau. Nous quittâmes ainsi ce bon peuple, et je ne fus pas moins surpris du chagrin que leur causait notre départ que je l’avais été de leur confiance affectueuse à notre arrivée.

» L’île, à laquelle on avait d’abord donné le nom de Nouvelle-Cythère, reçoit de ses habitans celui de Taïti. Sa latitude, de 17° 35′ 3″ à notre camp, a été conclue de plusieurs hauteurs méridiennes du soleil, observées à terre avec un quart de cercle. Sa longitude de 150° 40′ 17″ à l’ouest de Paris, a été déterminée par onze observations de la lune, selon la méthode des angles horaires. M. Verron en avait fait beaucoup d’autres à terre pendant quatre jours et quatre nuits pour déterminer cette même longitude ; mais le cahier où elles étaient écrites lui ayant été enlevé, il ne lui est resté que les dernières observations faites la veille de notre départ. Il croit leur résultat moyen assez exact, quoique leurs extrêmes diffèrent entre eux de sept à huit degrés. La perte de nos ancres et