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ses ennemis ; il vint tomber près de nos canots. Les sauvages n’eurent pas la hardiesse de l’enlever ; et, emportant avec eux les autres morts, ils se retirèrent sur un îlot situé au milieu de la lagune. Nos canots revinrent avec les deux pirogues qu’ils avaient poursuivies ; l’une avait trente-deux pieds de long, l’autre un peu moins : toutes deux étaient d’une construction très-curieuse : les planches, ornées de sculpture en différens endroits, étaient proprement cousues ensemble, et une bande d’écaille de tortue appliquée très-artistement sur chaque couture empêchait l’eau de pénétrer dans la pirogue. Le fond est très-étroit, ce qui oblige de les accoupler en les assujettissant l’une à côté de l’autre par des traverses séparées par un espace de sept pieds ; un mât étroit est placé dans le milieu de chaque pirogue, et la voile, faite de nattes, est tendue entre les deux mâts. Les cordages, qui paraissent être d’écorce de cocotier, ont la force des nôtres. Quand ces pirogues sont à la voile, plusieurs personnes se tiennent assises sur les pièces de bois qui les tiennent unies.

» L’après-midi je renvoyai les canots prendre encore une fois les sondes autour de l’île ; ils trouvèrent de nouveau le mouillage impraticable. Cependant j’observai un grand nombre d’Indiens sur la pointe voisine de l’endroit où nous les avions laissés le matin ; ils paraissaient empressés à enlever plusieurs pirogues qui étaient sur le bord de la mer. Craignant qu’ils