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sur le même bâtiment, dont il est armateur en partie. Le ministère a ordonné au gouverneur et à l’intendant de l’Île de France de renvoyer de là Aotourou dans son île. J’ai donné un mémoire fort détaillé sur la route à faire pour s’y rendre, et trente-six mille francs (c’est le tiers de mon bien) pour armer le navire destiné a cette navigation. Madame la duchesse de Choiseul a porté l’humanité jusqu’à consacrer une somme d’argent pour transporter à Taïti un grand nombre d’outils de nécessité première, des graines, des bestiaux ; et le roi d’Espagne a daigné permettre que ce bâtiment, s’il était nécessaire, relâchât aux Philippines.

» J’ai reçu des nouvelles de l’arrivée d’Aotourou à l’Île de France, et je crois devoir insérer ici la copie d’une lettre de M. Poivre, écrite à ce sujet à M. Bertin, ministre d’état.

Extrait d’une lettre de M. Poivre, intendant des îles de France et de Bourbon, à M. Bertin, ministre d’état.
Au Port-Louis, Île de France, ce 3 novembre 1770.

« Monseigneur, j’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, en date du 15 mars dernier, au sujet de l’honnête Indien Poutavéry[1]. J’ai reconnu dans tout ce que vous me faites l’honneur de me dire de cet insulaire et des précautions à prendre pour le renvoyer convenablement dans sa patrie, toute

  1. Nom qu’on avait donné à Aotourou.