Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/259

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» J’ai appris d’Aotourou qu’environ huit mois avant notre arrivée dans son île un vaisseau anglais y avait abordé. C’est celui que commandait M. Wallis. Le même hasard qui nous a fait découvrir cette île y a conduit les Anglais pendant que nous étions à la rivière de la Plata. Ils y ont séjourné un mois, et, à l’exception d’une attaque que leur ont faite les insulaires, qui se flattaient d’enlever le vaisseau, tout s’est passé à l’amiable. Voilà sans doute d’où proviennent, et la connaissance du fer, que nous avons trouvée aux Taïtiens, et le nom d’aouri, qu’ils lui donnent ; nom assez semblable pour le son au mot anglais iron, fer, qui se prononce aïron. J’ignore maintenant si les Taïtiens, avec la connaissance du fer, doivent aussi aux Anglais celle des maux vénériens que nous y avons trouvés naturalisés.

» Les Anglais ont fait depuis un second voyage à Taïti. Ils y ont observé le passage de vénus le 4 juin 1769, et leur séjour dans cette île a été de trois mois. Je n’entrerai point dans le détail de ce qu’ils disent sur cette île et ses habitans. Je me contenterai d’observer que c’est faussement qu’ils avancent que nous y sommes toujours restés avec pavillon espagnol : nous n’avions aucune raison de cacher le nôtre ; c’est avec tout aussi peu de fondement qu’ils nous accusent d’avoir porté aux malheureux Taïtiens la maladie que nous pourrions peut-être plus justement soupçonner leur avoir été communiquée par l’équipage de M. Wallis. Les Anglais