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avaient emmené deux insulaires qui sont morts en chemin. »

Depuis son départ de Taïti, Bougainville reconnut beaucoup d’autres îles de la mer du Sud.

« On a vu combien la relâche à Taïti avait été mélangée de bien et de mal ; l’inquiétude et le danger avaîent accompagné nos pas jusqu’aux derniers instans ; mais ce pays était pour nous un ami que nous aimions avec ses défauts. Le 16 avril, à huit heures du matin, nous étions environ à dix lieues dans le nord-est de sa pointe septentrionale, et je pris de là mon point de départ. »

À dix heures on aperçut une terre sous le vent ; elle paraissait former trois îles ; à midi l’on reconnut que ce n’en était qu’une seule. Par-dessus cette nouvelle terre, on crut en voir une autre plus éloignée. Cette île est d’une hauteur médiocre, et couverte d’arbres ; on peut l’apercevoir en mer de huit ou dix lieues. Aotourou la nommait Oumaitia. Il fit entendre qu’elle était habitée par une nation amie de la sienne ; qu’il y avait été plusieurs fois, et que l’on y trouverait le même accueil et les mêmes rafraîchissemens qu’à Taïti.

Bougainville dirigea sa route à l’ouest de manière à ne pas rencontrer les îles pernicieuses que les désastres de Roggeween l’avertissaient de fuir. Pendant tout le reste du mois d’avril, il eut très-beau temps, mais peu de frais ; et le vent d’est prenait plus du nord que du sud.