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dont le cours était alors au nord-ouest, la fit dépasser dans un instant. On tint aussitôt le vent, dans l’intention de la visiter ; un déluge de pluie qui déroba la vue de la terre et du soleil força de différer les recherches. »

À une heure après midi, on envoya les canots armés pour la reconnaître et la sonder. Le temps était très-beau, mais très-calme ; les vaisseaux faillirent être entraînés par des courans rapides, sur des récifs et des basses.

Comme les canots étaient occupés à sonder dans la baie où ils trouvèrent un bon mouillage, ils virent tout d’un coup paraître à l’entrée dix pirogues, sur lesquelles il y avait environ cent cinquante hommes armés d’arcs, de lances et de boucliers ; elles sortaient d’une anse qui renferme une petite rivière, dont les bords sont couverts de cabanes. Ces pirogues s’avancèrent en bon ordre, voguant sur les canots à force de rames ; et lorsqu’elles s’en jugèrent assez près, elles se séparèrent fort lestement en deux bandes pour les envelopper. Les Indiens alors poussèrent des cris affreux, et, saisissant leurs lances, ils commencèrent une attaque qui devait leur paraître un jeu contre une poignée d’hommes. On fit sur eux une première décharge qui ne les arrêta point. Ils continuèrent à lancer leurs flèches et leurs sagayes, se couvrant de leurs boucliers qu’ils croyaient une arme défensive. Une seconde décharge les mit en fuite : plusieurs se jetèrent à la mer pour gagner la terre à la nage. On