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leur prit deux pirogues : elles sont fort longues, bien travaillées ; l’avant et l’arrière sont extrêmement relevés, ce qui sert d’abri contre les flèches, en présentant le bout. Sur le devant d’une de ces pirogues, on voyait une tête d’homme sculptée : les yeux étaient de nacre, les oreilles d’écaille de tortue, la figure ressemblait à un masque garni d’une longue barbe ; les lèvres étaient teintes d’un rouge éclatant. On trouva dans leurs pirogues des arcs, des flèches en grand nombre, des lances, des boucliers, des cocos, et plusieurs autres fruits dont on ne connaissait pas l’espèce ; de l’arec, des feuilles de bétel, de la chaux, divers petits meubles à l’usage de ces Indiens ; des filets à mailles très-fines, artistement tissus, et une mâchoire d’homme à demi grillée.

Ces insulaires sont noirs, et ont les cheveux crépus, qu’ils teignent en blanc, en jaune et en rouge. Leur audace à attaquer les Français, l’usage de porter des armes offensives et défensives, leur adresse à s’en servir, prouvent qu’ils sont prèsque toujours en état de guerre. Au reste, Bougainville avait observé dans le cours du voyage, qu’en général les hommes nègres sont beaucoup plus méchans que ceux dont la couleur approche de la blanche. Ceux-ci sont nus, à l’exception d’une bande de natte qui leur couvre les parties naturelles. Leurs boucliers sont d’une forme ovale, faits de joncs tournés les uns au-dessus des autres, et parfaitement bien liés. Ils doivent être impénétra-