Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/289

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septentrionales que le cap l’Averdi ; on découvrait un vaste espace vide, qui devait former un passage ou un grand golfe. On apercevait par-delà cette ouverture, mais dans un grand éloignement, quelques mondrains, ou sommets de terres hautes. On distinguait aussi derrière la nouvelle côte une autre côte plus élevée, ayant le même gisement, ce qui fit juger que cette nouvelle terre était une île.

« L’après-midi trois pirogues s’en détachèrent, et vinrent reconnaître les vaisseaux : chacune était montée de cinq ou six nègres. Elles s’arrêtèrent à une portée de fusil ; et ce ne fut qu’après y avoir passé près d’une heure que les invitations réitérées les déterminèrent enfin à s’approcher davantage. Quelques bagatelles qu’on leur jeta attachées sur des morceaux de planches achevèrent de leur donner un peu de confiance : ils accostèrent la frégate en montrant des cocos et criant bouca, bouca, onellé. Ils répétaient sans cesse ces mots, que l’on criait ensuite comme eux, ce qui parut leur faire plaisir. Ils ne restèrent pas long-temps le long du vaisseau ; ils firent signe qu’ils allaient chercher des cocos. On applaudit à leur dessein ; mais à peine furent-ils éloignés à vingt pas, qu’un de ces hommes perfides tira une flèche qui n’atteignit heureusement personne. Ils fuirent à force de rames ; nous étions trop forts pour les punir.

» Ces nègres sont entièrement nus. Ils ont